Excel, ton meilleur pote pour doper ton SEO

Quand on parle SEO, on pense souvent à des outils comme Semrush, Ahrefs, Screaming Frog, Google Search Console… et Excel passe pour le truc « à l’ancienne ». Pourtant, bien utilisé, Excel peut devenir ton cockpit SEO : tu centralises tes données, tu repères les opportunités, tu priorises les actions et tu suis tes résultats.

Dans cet article, on va voir 4 fonctions Excel ultra utiles pour analyser ton SEO et booster le trafic de ton site. Pas besoin d’être développeur ou data analyst : on reste sur des formules simples, mais redoutablement efficaces pour exploiter tes données Search Console, Analytics ou issues de crawl.

RECHERCHEV / RECHERCHEX : croiser tes données SEO en quelques secondes

La base d’une bonne analyse SEO, c’est le croisement de données :

  • Keywords + URL
  • Trafic + positions
  • CTR + impressions
  • Données Analytics + Search Console

C’est exactement ce que permettent RECHERCHEV (classique) et RECHERCHEX (version moderne d’Excel 365).

Imagine que tu exportes :

  • Depuis Google Search Console : une liste d’URL avec impressions, clics, position moyenne
  • Depuis Google Analytics : une liste d’URL avec sessions, taux de rebond, taux de conversion

Ton objectif : créer une seule base, où chaque URL est enrichie avec à la fois les données SEO et les données de comportement utilisateur. C’est là que RECHERCHEV/RECHERCHEX entre en scène.

Exemple simple avec RECHERCHEV (disponible sur toutes les versions d’Excel) :

Tu as :

  • Onglet GSC : colonne A = URL, colonne B = clics
  • Onglet Analytics : colonne A = URL, colonne B = sessions

Dans l’onglet GSC, colonne C, tu veux les sessions venant d’Analytics. Tu peux utiliser :

=RECHERCHEV(A2;Analytics!$A:$B;2;FAUX)

Cette formule va :

  • Prendre l’URL en A2
  • La chercher dans la première colonne de la plage Analytics!$A:$B
  • Retourner la valeur de la 2e colonne (les sessions)

Résultat : tu peux trier tes URL par :

  • Beaucoup d’impressions mais peu de clics et de sessions → pages à optimiser en priorité côté title / meta / snippet
  • Beaucoup de clics SEO mais faible conversion → à retravailler côté UX, contenu, offre

Si tu as Excel 365, privilégie RECHERCHEX, plus souple :

=RECHERCHEX(A2;Analytics!$A:$A;Analytics!$B:$B;"Non trouvé")

Avantages de RECHERCHEX :

  • Tu peux chercher à gauche ou à droite (pas de contrainte de première colonne)
  • Tu peux définir une valeur par défaut si rien n’est trouvé (par exemple « Non trouvé »)
  • Tu peux gérer des recherches approximatives plus facilement

Cas concrets SEO où cette fonction est un game changer :

  • Relier les mots-clés à tes pages de conversion : tu identifies quels mots-clés amènent vraiment du business, pas juste du trafic.
  • Recouper les données de crawl (Screaming Frog) avec les données SEO : tu peux voir quelles pages avec balise title manquante ou trop longue génèrent le plus d’impressions.
  • Identifier des cannibalisations : tu relies une liste de mots-clés à plusieurs URLs qui les ciblent, pour voir où tu te tires une balle dans le pied.

Autrement dit, dès que tu te retrouves avec « deux fichiers Excel et besoin de les fusionner », pense RECHERCHEV / RECHERCHEX.

NB.SI et NB.SI.ENS : repérer les doublons, les priorités et les quick wins

Les fonctions NB.SI et NB.SI.ENS sont parfaites pour répondre à une question que tout SEO se pose : « Combien j’en ai de… ? »

Par exemple :

  • Combien de pages ont le même title ?
  • Combien de fois un mot-clé apparaît dans ma liste ?
  • Combien de pages d’une même catégorie ont une faible position moyenne ?

NB.SI permet de compter le nombre de cellules qui respectent un critère. Exemple :

Tu as une liste de balises title en colonne A, et tu veux savoir si certaines sont dupliquées. En B2, tu peux écrire :

=NB.SI($A:$A;A2)

Si le résultat est > 1, c’est qu’au moins un autre titre est identique. En ajoutant une mise en forme conditionnelle pour surligner les cellules où le résultat est supérieur à 1, tu repères en un coup d’œil :

  • Les pages avec titles identiques
  • Les pages avec h1 dupliqués
  • Les URLs qui ciblent exactement le même mot-clé principal

NB.SI.ENS va plus loin : il permet de compter en fonction de plusieurs critères. Très utile pour prioriser tes actions.

Supposons que tu aies un export Search Console avec :

  • Colonne A : URL
  • Colonne B : catégorie (Blog, Produit, Guide, etc.)
  • Colonne C : position moyenne

Tu veux savoir combien de pages de catégorie Blog ont une position moyenne > 10 (donc en 2e page et plus). Tu peux utiliser :

=NB.SI.ENS(B:B;"Blog";C:C;">10")

Ce type de comptage te permet de :

  • Mesurer l’ampleur du travail à faire sur un type de page
  • Justifier un chantier auprès d’un client ou d’un manager (« On a 120 pages produits qui se traînent au-delà de la 1ère page »)
  • Filtrer les quick wins (par exemple pages en position 4 à 10 avec beaucoup d’impressions)

Autres cas pratiques SEO :

  • Suivi des mots-clés par intention : tu ajoutes une colonne « Intention » (informationnelle, transactionnelle…) et tu comptes combien de mots-clés par intention tu as déjà traités.
  • Audit de contenu : combien de pages n’ont pas de méta description renseignée ? Combien de pages d’une catégorie ont un trafic < 10 clics/mois ?
  • Détection de cannibalisation légère : compter combien de fois un même mot-clé apparaît dans une liste d’URL ou de titles.

Dès que tu as besoin de quantifier rapidement un problème SEO, NB.SI et NB.SI.ENS sont tes alliés.

FILTRE : isoler les pages et requêtes à plus fort potentiel

Sur Excel 365, la fonction FILTRE est un petit bijou. Elle te permet d’extraire, dynamiquement, uniquement les lignes qui t’intéressent en fonction de critères.

Exemple typique : tu exportes de la Search Console une liste de requêtes avec :

  • Colonne A : requête
  • Colonne B : clics
  • Colonne C : impressions
  • Colonne D : position moyenne

Tu veux afficher uniquement les requêtes :

  • Avec plus de 1 000 impressions
  • Et une position moyenne entre 5 et 15 (potentiel de progression)

Tu peux utiliser :

=FILTRE(A:D;(C:C>1000)*(D:D>=5)*(D:D<=15))

Explication :

  • FILTRE(A:D;…) : on veut extraire des lignes complètes, de la colonne A à D
  • (C:C>1000) : impressions > 1000
  • (D:D>=5) : position moyenne au minimum 5
  • (D:D<=15) : position moyenne au maximum 15
  • Les * signifient « ET » (tous les critères doivent être vrais)

Résultat : un tableau « vivant » des requêtes à fort potentiel, à travailler en priorité. Si tu mets à jour tes données sources, le tableau filtré se met automatiquement à jour.

Autres usages SEO concrets de FILTRE :

  • Identifier les pages « zombies » : filtrer les URLs avec très peu d’impressions et de clics, à optimiser, rediriger ou supprimer.
  • Isoler les requêtes longues traînes : filtrer les requêtes de plus de 4 mots avec un certain volume d’impressions.
  • Suivre une catégorie précise : filtrer seulement les URLs qui contiennent /blog/ ou /produit/ dans l’URL.

Par exemple, pour extraire seulement les URLs de blog d’un export Search Console :

=FILTRE(A:D;ESTNUM(CHERCHE("/blog/";A:A)))

Cette formule garde uniquement les lignes où l’URL (en colonne A) contient /blog/. Hyper pratique pour isoler la performance d’un segment de ton site.

En bonus, tu peux combiner FILTRE avec TRIER pour ordonner les résultats par impressions ou clics :

=TRIER(FILTRE(A:D;(C:C>1000)*(D:D<=15));3;-1)

Ici, on trie le résultat du FILTRE par la 3e colonne (impressions), en ordre décroissant.

CONCATENER / TEXTEJOIN : générer des balises, des URLs et des redirections en masse

On sous-estime souvent le temps qu’on perd à faire des choses répétitives : copier-coller des morceaux de texte, générer des titles, des H1, des slugs, des règles de redirection… Excel peut te faire gagner des heures grâce à CONCATENER (ou mieux, TEXTEJOIN).

L’idée est simple : assembler du texte à partir de morceaux situés dans différentes cellules.

Supposons que tu gères une boutique en ligne avec :

  • Colonne A : marque (ex. « Nike »)
  • Colonne B : type de produit (ex. « baskets homme »)

Tu veux générer automatiquement un title du type :
Basket homme Nike | Livraison rapide et retours gratuits

En C2, tu peux utiliser :

=CONCATENER(B2;" ";A2;" | Livraison rapide et retours gratuits")

Ou, en version plus moderne (et plus propre) :

=B2&" "&A2&" | Livraison rapide et retours gratuits"

En faisant ça sur des centaines de lignes, tu crées une première version cohérente et optimisée de tes balises title, que tu peux ensuite affiner.

Avec TEXTEJOIN (TEXTEJOINDRE en français sur certaines versions), tu vas plus loin en ajoutant un séparateur automatiquement :

=TEXTEJOINDRE(" - ";VRAI;A2:C2)

Cette formule va joindre les cellules A2, B2, C2 avec  » –  » comme séparateur, en ignorant les cellules vides (grâce à VRAI).

Usages SEO concrets :

  • Générer des titles et des meta descriptions en masse à partir de colonnes « mot-clé principal », « marque », « bénéfice ».
  • Créer des slugs propres : à partir d’un nom de produit ou d’article, une colonne peut contenir la version nettoyée (en minuscule, sans accents), et CONCATENER t’ajoute le domaine pour obtenir l’URL complète.
  • Préparer des règles de redirection pour un .htaccess ou un fichier de configuration serveur.

Par exemple, pour générer des lignes de redirection :

  • Colonne A : ancienne URL
  • Colonne B : nouvelle URL

En C2, tu peux écrire :

=CONCATENER("Redirect 301 ";A2;" ";B2)

Tu obtiens directement une liste de lignes prêtes à être intégrées au fichier de configuration.

Autre exemple utile : la génération de balises H1 et titles cohérents. Tu peux te créer des modèles, jouer avec des variantes, tester différentes structures, le tout à partir de données réelles (mots-clés trouvés en Search Console ou via un outil de recherche de mots-clés).

Aller plus loin : combiner les fonctions pour un vrai tableau de bord SEO

Isolées, ces fonctions sont déjà très puissantes. Combinées, elles te permettent de te construire de vrais mini-outils SEO sur Excel.

Par exemple, tu peux créer un fichier qui :

  • Feuille 1 : données brutes Search Console (requêtes + pages)
  • Feuille 2 : données Analytics (sessions, conversions par URL)
  • Feuille 3 : mapping mots-clés / intentions / catégories
  • Feuille 4 : tableau de bord

Sur la feuille de tableau de bord, tu peux :

  • Utiliser RECHERCHEX pour récupérer les sessions, conversions, impressions, clics par URL.
  • Utiliser NB.SI.ENS pour compter le nombre de pages ou de mots-clés par catégorie, par intention, par position.
  • Utiliser FILTRE pour afficher automatiquement :
    • Les quick wins : requêtes en position 4–10 avec beaucoup d’impressions.
    • Les pages à revoir : beaucoup d’impressions, peu de clics, taux de rebond élevé.
  • Utiliser CONCATENER ou TEXTEJOIN pour générer des propositions de nouveaux titles ou H1.

Résultat : à chaque nouvel export de tes données (GSC, Analytics, crawl), tu remplaces les données des feuilles sources… et ton tableau de bord se met à jour tout seul grâce aux formules. Tu repères immédiatement :

  • Les pages qui viennent de passer proche du top 3
  • Les requêtes qui gagnent en volume
  • Les contenus qui ne performent plus

Tu peux même ajouter une touche de mise en forme conditionnelle pour mettre en vert les opportunités et en rouge les problèmes. Excel devient alors bien plus qu’un « simple tableur » : c’est ton radar SEO.

Et si tu es à l’aise avec tout ça, la prochaine étape naturelle, c’est de combiner ces fonctions avec des tableaux croisés dynamiques, voire un peu de VBA, pour automatiser encore plus tes rapports.

En attendant, ces 4 fonctions – RECHERCHEV/RECHERCHEX, NB.SI/NB.SI.ENS, FILTRE et CONCATENER/TEXTEJOIN – suffisent largement à transformer tes exports bruts en décisions SEO concrètes et en actions qui font vraiment bouger le trafic de ton site.