Vous jonglez entre Google Analytics, la Search Console, votre outil de suivi de positions, vos rapports d’agence… et au final, vous n’avez jamais une vision claire et centralisée de votre SEO ? Et si tout ça tenait dans un seul fichier Excel, propre, lisible, mis à jour, avec un tableau de bord qui vous parle en 10 secondes chrono ?

Dans cet article, on va voir ensemble comment créer un vrai dashboard SEO dans Excel pour piloter vos performances organiques comme un pro. Pas besoin d’être data scientist : quelques bonnes pratiques, des formules bien choisies et une structure claire suffisent.

Pourquoi un dashboard SEO dans Excel peut changer votre quotidien

Les outils SEO ne manquent pas : Ahrefs, Semrush, SE Ranking, Google Search Console, GA4… Mais chacun a son interface, son vocabulaire, ses rapports. Résultat : vous passez plus de temps à naviguer qu’à analyser.

Excel joue ici le rôle de tour de contrôle :

  • Vous centralisez toutes vos données au même endroit.
  • Vous créez vos propres indicateurs, adaptés à votre business.
  • Vous construisez un visuel qui parle à tout le monde (CEO, client, équipe marketing).
  • Vous gardez l’historique, même si un outil change, augmente ses prix, ou limite ses exports.

Et surtout : en une seule vue, vous savez si votre SEO va dans la bonne direction… ou s’il est temps d’agir.

Les données SEO indispensables à suivre dans votre dashboard

Avant de parler mise en forme, il faut décider quelles données vont nourrir votre tableau de bord. Un dashboard efficace ne montre pas tout : il montre ce qui compte.

Voici un socle solide de données SEO à suivre dans Excel :

  • Trafic organique (GA4 ou autre outil d’analytics)
    • Sessions organiques par jour / semaine / mois.
    • Pages les plus visitées en trafic organique.
    • Taux d’engagement, durée moyenne de session, conversions organiques.
  • Performances Search Console
    • Impressions, clics, CTR, position moyenne.
    • Données par page.
    • Données par requête.
  • Positions de mots-clés (outil de rank tracking)
    • Position actuelle, meilleure position connue.
    • Volume de recherche.
    • Catégorie ou type de page associé.
  • Pages stratégiques
    • Top pages SEO à suivre individuellement (landing pages business, catégories clés, articles piliers).

Vous pouvez ajouter d’autres données selon votre niveau :

  • Backlinks (nombre de domaines référents, nouveaux liens…)
  • Pages indexées / erreurs d’exploration.
  • Données e-commerce (CA organique, panier moyen, taux de conversion).

L’important : démarrez simple. Votre dashboard doit tenir en une seule vue, pas en 12 onglets imbriqués.

Comment structurer intelligemment votre fichier Excel SEO

Un bon dashboard SEO commence par un fichier bien structuré. La logique est toujours la même : données brutes d’un côté, calculs au milieu, synthèse visuelle à la fin.

Une structure d’onglets que j’utilise souvent :

  • Onglet “Paramètres”
    • Dates de début / fin d’analyse.
    • Liste des pages stratégiques.
    • Segments (blog, fiches produit, catégories, etc.).
  • Onglet “GA4” (ou “Analytics”)
    • Données exports brutes : date, page, sessions, conversions, etc.
  • Onglet “Search Console”
    • Données exports : date, page, requête, clics, impressions, CTR, position.
  • Onglet “Positions”
    • Mots-clés, URL cible, position, volume, date du relevé.
  • Onglet “Calculs”
    • Nettoyages, agrégations, taux, variations, regroupements par type de page.
  • Onglet “Dashboard”
    • Graphiques, cartes de performance, indicateurs clés.

Astuce : traitez vos onglets “données brutes” comme des bases de données. Une ligne = un enregistrement. Pas de fusion de cellules, pas de sous-totaux manuels, pas de mise en forme extravagante. Ça vous simplifiera la vie pour les formules et les tableaux croisés.

Construire le dashboard SEO pas à pas

Passons au concret : à quoi ressemble un bon tableau de bord SEO dans Excel ? Imaginez votre onglet “Dashboard” comme un “tableau de bord de voiture” : quelques jauges, quelques indicateurs, quelques tendances. Pas un cockpit d’avion de chasse.

Voici une structure efficace :

Les indicateurs clés à afficher en haut

En haut de votre onglet “Dashboard”, réservez une zone à 4–6 KPIs maximum :

  • Sessions organiques sur la période.
  • Évolution vs période précédente (en %).
  • Conversions / objectif (ou CA organique).
  • CTR moyen (Search Console).
  • Position moyenne globale.
  • Nombre de pages recevant du trafic organique.

Ces indicateurs peuvent être calculés avec des formules de base du type :

=SOMME.SI.ENS(Range_Sessions; Range_Source;"organic"; Range_Date;">="&Date_Début; Range_Date;"<="&Date_Fin)

Vous pouvez ensuite calculer les variations vs N-1 ou vs période précédente avec :

=(Valeur_Période_Actuelle - Valeur_Période_Précedente) / Valeur_Période_Précedente

et afficher le résultat en pourcentage avec une mise en forme conditionnelle (vert si c’est en hausse, rouge si ça baisse).

Des graphiques pour suivre les tendances

En dessous des KPIs, placez 2–3 graphiques :

  • Courbe du trafic organique (par jour ou semaine).
    • Type de graphique : courbe ou aires.
    • Série : sessions organiques dans le temps.
  • Graphique des clics et impressions Search Console
    • Type de graphique combiné : barres pour les impressions, courbe pour les clics.
    • Lisible pour voir si vous gagnez en visibilité.
  • Répartition du trafic par segment
    • Ex : Blog vs Fiches produits vs Pages catégories.
    • Type de graphique : barres horizontales ou donut.

Pour créer ces graphiques proprement, basez-les idéalement sur des Tableaux croisés dynamiques (TCD) alimentés par vos données brutes. Puis insérez des Graphiques croisés dynamiques associés.

Focus sur les pages et mots-clés qui comptent

La partie basse du dashboard peut être dédiée à :

  • Un top 10 des pages organiques :
    • Colonnes : Page, Sessions, Clics, CTR, Conversions.
    • Triage décroissant sur les sessions ou les clics.
  • Un top 10 des mots-clés :
    • Colonnes : Requête, Clics, Impressions, Position, URL cible.
    • Mise en forme conditionnelle sur la Position pour repérer les opportunités (positions 5 à 15).
  • Un focus “pages stratégiques” :
    • Liste définie dans l’onglet “Paramètres”.
    • Sessions organiques et conversions page par page.
    • Variation sur 30 jours vs 30 jours précédents.

Pour filtrer rapidement entre différentes périodes, pensez à utiliser des Segments (Slicers) ou une chronologie connectés à vos tableaux croisés dynamiques.

Formules et astuces Excel pour un dashboard SEO solide

Vous n’avez pas besoin de VBA avancé pour faire un dashboard propre. Quelques fonctions bien maîtrisées font 80 % du travail.

Quelques fonctions très utiles pour vos calculs SEO :

  • SOMME.SI.ENS
    • Pour calculer les sessions organiques sur une période, pour un type de page, une source, etc.
  • NB.SI.ENS
    • Pour compter le nombre de pages recevant au moins X sessions, le nombre de requêtes, etc.
  • RECHERCHEX (ou RECHERCHEV / INDEX + EQUIV)
    • Pour enrichir vos exports (lier une requête à une URL cible, une page à un segment, etc.).
  • SI + ET + OU
    • Pour créer des segments conditionnels (ex : “Blog” si l’URL contient /blog/).
  • TCD (Tableaux croisés dynamiques)
    • Pour agréger par date, page, requête, pays… sans réécrire des formules partout.

Exemple très concret : regrouper vos pages en “Blog”, “Produit”, “Autre” selon l’URL :

=SI(NB.SI(A2;"*/blog/*")>0;"Blog";SI(NB.SI(A2;"*/produit/*")>0;"Produit";"Autre"))

Autre exemple : identifier les requêtes “opportunités” (positions entre 5 et 15) :

=SI(ET(Position>=5;Position<=15);"Opportunité";"Autre")

En les combinant avec des TCD, vous pouvez en un clic afficher :

  • Le nombre de requêtes “opportunité”.
  • Le total des impressions sur ces requêtes.
  • Les pages correspondantes à prioriser.

Automatiser la mise à jour : Power Query, macros simples et bonnes habitudes

Vous pouvez commencer en mode 100 % manuel : export CSV, copier-coller dans vos onglets “données brutes”, puis mise à jour des TCD. Mais à mesure que le fichier devient central, gagner du temps sur la mise à jour devient crucial.

Trois pistes simples :

  • Power Query
    • Permet d’importer automatiquement vos fichiers CSV (Search Console, GA4, outil de positions).
    • Vous définissez une fois les étapes de transformation (types de colonnes, filtres, renommage).
    • Ensuite : clic droit > “Actualiser” et tout le modèle se met à jour.
  • Tableaux structurés
    • Convertissez vos plages de données en Tableaux (Ctrl + T).
    • Les nouveaux exports seront automatiquement intégrés si vous les collez en bas.
    • Les TCD et formules qui pointent vers ces tableaux se mettent à jour proprement.
  • Petites macros “qualité de vie” (optionnel)
    • Une macro pour tout actualiser (données Power Query + TCD).
    • Une macro pour nettoyer les anciennes données avant un nouvel import.

Pas besoin de partir sur un projet VBA énorme : une simple macro comme celle-ci peut déjà faire gagner du temps :

Sub Actualiser_SEO()
ThisWorkbook.RefreshAll
End Sub

À lancer via un bouton dans l’onglet “Dashboard”. Facile à utiliser même pour quelqu’un qui n’aime pas Excel.

Erreurs classiques à éviter quand on crée un dashboard SEO

Un dashboard mal pensé peut vite devenir illisible ou inutilisable. Quelques pièges à éviter :

  • Vouloir tout suivre
    • Résultat : un tableau surchargé, personne ne sait quoi regarder.
    • Posez-vous la question : “Quel indicateur m’alerte vraiment si quelque chose ne va pas ?”.
  • Mêler données brutes et calculs dans le même onglet
    • Les exports changent, les colonnes se décalent, vos formules se cassent.
    • Gardez une séparation nette : données brutes / calculs / dashboard.
  • Abuser de la mise en forme
    • 5 polices différentes, 12 couleurs, bordures partout… l’œil ne sait plus où se poser.
    • Restez simple : 2–3 couleurs cohérentes (par exemple le code couleur de votre site), une typographie uniforme.
  • Ne pas documenter
    • Dans 3 mois, personne ne se souviendra de l’origine d’un chiffre ou de la logique d’un indicateur.
    • Ajoutez un onglet “Notes” ou des commentaires Excel pour expliquer vos métriques clés.

Comment faire évoluer votre dashboard SEO dans le temps

Votre premier dashboard ne sera pas parfait. Et c’est normal. L’essentiel, c’est qu’il soit utile. Ensuite, vous pourrez l’enrichir progressivement.

Quelques idées d’évolutions intéressantes :

  • Ajouter un suivi des pages en décroissance (perte de trafic, chute de positions).
  • Suivre le nombre de mots-clés en top 3 / top 10 au fil du temps.
  • Créer un onglet “Roadmap SEO” lié au dashboard :
    • Colonne “Page”, “Problème détecté”, “Action à mener”, “Priorité”, “Statut”.
  • Intégrer un score de santé SEO maison (pondération de plusieurs indicateurs).
  • Partager le fichier en lecture seule à votre équipe ou à un client avec des vues simplifiées.

Le vrai objectif n’est pas d’avoir le plus beau dashboard, mais celui qui vous aide à prendre des décisions concrètes : quelles pages optimiser, où créer du contenu, quels mots-clés cibler, quelles actions arrêter.

Avec un bon fichier Excel, vous passez d’un SEO “subi” (je regarde les rapports une fois par mois sans trop savoir quoi en faire) à un SEO piloté (je sais où j’en suis, pourquoi, et où je veux aller).

Et si vous voulez aller encore plus loin, vous pouvez connecter ce type de dashboard avec Power BI, ou le coupler à des modèles Excel plus avancés pour prévoir votre trafic organique en fonction de vos positions. Mais une étape à la fois : commencez par un bon dashboard propre et utile, dans Excel, et faites-en votre meilleur allié.